Les enfants semblent perdus, abasourdis, sinon abêtis par une mer de fibres et de pixels, par des écrans éblouissants, par des sons vulgaires d’affreux personnages, par jeux vidéo souvent violents, laids, et au bout du compte nuisibles. Pour les plus petits, des dessins animés absurdes, souvent en sauce asiatique, avec des histoires, des personnages et des esthétiques absolument niais. Jeux? Dessins animés? Plutôt des distributeurs d’ignorance, de terreur, de laideur, totalement éloigné de la Beauté, de l'Esprit, de l'âme, du développement de l'intelligence.

Ça me choque de voir de petits enfants dans le charriot du supermarché, accrochés au téléphone ou au tablet de leur parent ...

Un matin, il y a quelques jours, mon fils de 5 ans m'a demandé si je pouvais lui construire un théâtre. J'ai donc mis en pratique mon imagination, en creusant un peu 'aussi dans la réserve mon enfance qui, heureusement, me supporte encore. Des ciseaux, du papier coloré, l'incontournable colle "Vinavil" (vous vous en souvenez?) et surtout une boîte à chaussures vide pour créer toute la structure scénique.

Quatre marionnettes, choisies parmi les plus disparates et voici un petit théâtre, presque comme dans l'ancien temps. La réaction de mon fils était incroyable et excitante: un enthousiasme qui dure encore aujourd'hui, quand il remet les marionnettes en place, leur parle, les fait interagir, leur raconte des histoires ...

Donc, heureusement, même aujourd'hui, malgré tous ces jeux électroniques, un morceau de papier de couleur, comme on dit à Naples une "Cartuscella", peut encore surprendre et faire rêver un enfant.

Je pense, hélas, que beaucoup de personnes veulent avoir des enfants, mais sans vouloir souvent renoncer à rien, surtout aux loisirs. Donc, plutôt que de jouer avec un enfant, vous lui donnez une tablette, une console, et le "jeu" est fait, juste pour rester dans le sujet!

Quelle tristesse!

Lançons l'hashtag: #childhoodnotablet 

Je signale une recherche historique incroyable, fascinante, triste et émouvante menée par le pianiste Francesco Lotoro, originaire des Pouilles, qui a terminé ses études à l'Académie Franz Liszt du Budapest. Là, il a étudié le piano, l'histoire de la musique et a découvert que les biographies de nombreux compositeurs ont été interrompues en 1944; en même temps il a découvert une partition composée dans une bière blonde.

De là a commencé une longue recherche qui, après 25 ans, culmine avec l'édition d'une encyclopédie, le KZ Musik, contenant la production musicale des camps de prisonniers, la concentration et l'extermination essentiellement du Troisième Reich, de 1933 à 1945. Plus de 8000 compositions, certaines brèves, plusieurs inachevées, d'autres complètes et complexes, des symphonies, écrites par des hommes et des femmes qui, malgré leur horreur quotidienne, continuaient à donner libre cours à leur créativité, continuaient à rêver, à entendre et «écouter» la beauté.

Le 15 avril, à l'occasion du 70ème anniversaire de l'indépendance de l'Etat d'Israël, le Concert de l'Espérance aura lieu au Centre International des Congrès de Jérusalem, avec l'interprétation des nombreuses pièces trouvées.

Sous la direction de Francesco Lotoro, plusieurs de ces œuvres seront jouées par l'Orchestre Symphonique d'Ashdod et par de jeunes musiciens, étudiants de deux écoles du Néguev: l'École de Musique Bikurim et le Conservatoire de Musique de Yerucham. Modérateur et chant: Nathan Datner. Artiste invité: Shiri Maimon.

Pâques. Mort et résurrection. Un cycle inexorable et continu qui marque ponctuellement toute notre existence où la vie et la mort marchent bras dessus bras dessous.

Il y a beaucoup de sentiments contradictoires qui m'ont assailli pendant cette Pâques, suivie à la mort du cher Louis de Philippe, précédé à son tour par celle de Fabrizio Frizzi, de mon amie Licia De Zombatelli et celle de Lello Abate.

La célébration de la résurrection a eu lieu durant une étrange journée de printemps, encore humide à cause des pluies, du soleil tiède, dans une église bondée et bruyante. Beaucoup de visages: enfants, adultes, personnes âgées, malades, Italiens, étrangers, mille histoires différentes et uniques ...

Et puis la vision de la plage d'été bien-aimée, balayée par la tempête, pleine de débris, d'arbres et de bateaux brisés par le pouvoir de la nature souveraine.

Une certaine mélancolie m'assaille, une nostalgie indéfinie aussi, l'espoir flanque le découragement, les questions alternent aux certitudes, la gratitude suit un sentiment d'aliénation, des souvenirs de toutes sortes me reviennent à l'esprit ...

Et je regarde mon fils, heureux, plein d'énergie, enthousiaste de tout et insouciant du vent, à côté de mon beau-père, courbé et plus fatigué que l'année précédente. Devant lui l'immensité de la mer, un devenir interminable et changeant; la plage est humide, le soleil le caresse. Il dessine des formes sur le sol, suit les traces de son grand-père et rayonne parce qu'il se sent aimé et aime la vie, inconditionnellement. Une force spectaculaire à préserver, à protéger, jusqu'au dernier moment.

Cette année, j'ai fait beaucoup de vœux et je m’en excuse. J'espère que vous avez tous passé une belle Pâques avec vos proches et que le soleil, la Vie, réchauffent votre chemin.

Merci à l'excellent photographe Gennaro Scotti pour son service et article sur "Yves Montand" - Genève, 21 mars 2018, all'Alhambra.

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